Aujourd’hui, Saleh Al-Jafrawi a été assassiné par des milices armées par Israël au cœur de Gaza. Il y a à peine quelques heures, nous parlions sur notre site web du fascisme qui commence à émerger au Québec, discréditant les manifestations pro-palestiniennes, remettant en question le droit de manifester et dissociant notre société de ce qui se passe à des milliers de kilomètres. Mais face à la mort de ce journaliste, connu et aimé par des millions de personnes qui ressentent Gaza comme leur propre douleur, nous ne pouvons rester silencieux : nous devons parler plus clairement, avec plus de force, avec plus de vérité.

Nous prenons les rues du Québec et du monde avec le drapeau palestinien en haut, non pas pour un geste politique vide, mais pour l’humanité. Pour l’humanité de ceux qui vivent et souffrent, ici et là-bas. Ceux qui critiquent nos manifestations à cause des désagréments qu’elles causent exercent leur droit depuis le plus pur égoïsme. Nous, en revanche, exerçons notre droit de nous révolter contre des gouvernements complices : le gouvernement québécois et canadien, qui refusent refuge et soins aux réfugiés de Gaza, maintiennent des accords commerciaux avec un État qui bombarde des civils et garantissent l’impunité à ceux qui commettent des crimes de guerre.

Ce ne sont pas nous qui amenons le génocide dans nos rues ; ce sont eux, ceux qui gouvernent, qui financent, arment, protègent et normalisent la barbarie. Nous ne faisons que porter la vérité, le sang et les larmes de Gaza à Montréal. Et nous le faisons depuis la mémoire, depuis un cœur qui n’oublie pas, depuis des yeux qui ont vu le monde avec complicité et humanité.

Ces manifestations sont un cri pour ceux qui brûlent sous les bombes, pour ceux qui ont tout perdu et contiennent pourtant leur douleur. Pour ceux qui pourraient incendier nos rues de leur colère, et ne le font pas. Dans une ville qui se prétend paisible, nous ne pouvons ignorer que cette paix est un privilège pour quelques-uns ; que l’injustice qui fait mal à Gaza fait aussi mal à Montréal.

Et aujourd’hui, face à l’assassinat de Saleh Al-Jafrawi, nous faisons face au silence des médias du Québec et du Canada. Un silence qui cherche à banaliser la mort, qui veut nous faire croire que ce qui se passe est “très loin”, alors que des milliers de personnes dans cette ville ressentent cette tragédie comme leur propre douleur. Ce silence n’est pas neutre : il est complice. C’est l’indifférence qui nourrit l’horreur, qui transforme la douleur en une information oubliable, qui normalise la violence au nom de la “normalité”.

Nous ne nous tairons pas. Nous ne nous arrêterons pas. Nous intensifierons nos actions pour que, même de manière inconfortable, notre souffrance devienne visible. Pour montrer qu’on ne peut pas cacher la réalité, ni à Gaza, ni à Montréal. Parce que l’injustice cachée se répète. Et parce que le monde doit savoir qu’il y a ceux qui, même à distance, ne cèdent pas face à l’horreur : nous nous levons, nous crions et résistons, avec l’humanité comme drapeau. Et oui, nous savons que tout comme ils tuent à Gaza, ils pourraient tuer à Montréal, car ceux qui ne protestent pas mais se sentent agressés par nos manifestations sont souvent les bras exécutifs du fascisme sociologique, celui qui prêche l’ordre et la punition, celui qui aujourd’hui nous pointe du doigt.