La victoire de Zohran Mamdani à la mairie de New York nous réconcilie, d’une certaine manière, avec des États-Unis qui, ces derniers mois, ont révélé toute la brutalité de politiques ouvertement fascistes — à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.

Le nouveau maire, âgé de 34 ans, premier musulman et immigrant à accéder à une telle fonction dans l’histoire du pays, a mené toute sa campagne en parlant franchement aux gens : améliorer les conditions de vie dans la ville, défendre les immigrés, protéger les droits humains. Il n’a pas hésité à s’opposer à Donald Trump et aux élites politiques, de manière frontale et déterminée, réveillant ainsi une jeunesse qui s’est mobilisée massivement pour voter. Plus d’un million de personnes ont voté pour lui — un chiffre historique si l’on considère que, ces dernières décennies, la participation totale aux élections municipales n’atteignait guère ce nombre.

Mamdani n’est pas un produit des bureaux ni des laboratoires de communication politique. Il s’est formé dans les rues de New York, au sein des mouvements sociaux, où il a été arrêté pour avoir mené des protestations et a même entamé une grève de la faim pour défendre ceux qui allaient tout perdre. Cette expérience lui a donné une compréhension profonde des luttes urbaines et une vision stratégique qui lui ont permis aujourd’hui de faire vaciller la machine de l’establishment.

Ni Andrew Cuomo ni Donald Trump n’ont pu arrêter la vague de soutien populaire, malgré leurs menaces et leurs attaques contre Zohran en raison de sa foi musulmane ou de son statut d’immigrant. Au contraire : une grande partie de la société américaine se réveille du long sommeil imposé par le bipartisme, qui a bloqué pendant des décennies l’accès au pouvoir de ceux qui osent défier la logique d’un système qui marginalise, humilie et, trop souvent, tue pour des raisons raciales ou migratoires.

New York a voté pour sa propre autodéfense. Les mois à venir seront une grande épreuve : nous verrons comment cette jeunesse, qui a porté Mamdani à la mairie, saura le défendre face aux attaques du gouvernement fédéral et des élites politiques et économiques du pays.

Aujourd’hui, c’est un jour de célébration. La peur a changé de camp. Mamdani a prouvé au monde qu’en quelques mois, on peut passer de l’anonymat à une notoriété politique éclatante, en piratant le système de l’intérieur. Et sa victoire symbolise bien plus encore : Netanyahu et l’AIPAC commencent à perdre du terrain dans un pays sans lequel ils ne pourront poursuivre la colonisation de la Palestine.

Mamdani a osé — et il a gagné.