De l’initiative March to Ottawa est née la proposition du Mur de la Honte, un espace où l’on a dénoncé publiquement les députés canadiens ayant fait preuve d’une alarmante absence d’humanité en refusant de lire les noms de plus de 20 000 enfants tués par Israël à Gaza.

Cette proposition — celle de rendre visibles auprès des électeurs les positions de leurs représentants face à une tragédie d’une telle ampleur — a évolué. Son objectif est désormais aussi de révéler qui se cache derrière ces politiciens, ceux qui dictent le rythme du sionisme au Canada.

Dans cette nouvelle étape, le Mur de la Honte nous présente Irwin Cotler, un personnage clé et profondément controversé. Depuis sa position privilégiée au sein du Parti libéral, Cotler a contribué à offrir un soutien politique et moral à Israël, tout en favorisant la criminalisation de la contestation et de toute voix critique envers un État qui commet des crimes contre le peuple palestinien.

Irwin Cotler – ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada – s’est toujours opposé à la reconnaissance de l’État de Palestine par le Canada. Il est également l’un des principaux architectes de l’adoption officielle par le Canada de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, un instrument politique visant à faire taire toute critique légitime d’Israël.

Selon Joshua Sealy-Harrington, professeur associé et directeur du droit à l’égalité à la Faculté de droit de l’Université de Windsor :

« Cette définition assimile non seulement l’antisionisme, mais aussi le droit international – et en particulier les droits humains palestiniens – à de l’antisémitisme. […] C’est un manuel d’immunité pour Israël, et il faut le comprendre ainsi. »

Tout au long de sa carrière, Cotler a déguisé son soutien au sionisme sous le masque de l’humanitarisme, utilisant son influence au Canada et à l’étranger pour protéger Israël de toute responsabilité. En novembre 2020, Justin Trudeau l’a nommé premier “Envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.” Sa mission : « promouvoir la mise en œuvre de la définition de l’IHRA au Canada et encourager son adoption à l’échelle internationale. »

Cette nomination a conduit à la publication, par le gouvernement fédéral, du Manuel canadien sur la définition de travail de l’antisémitisme de l’IHRA, un document qui explique comment les forces de l’ordre, le système judiciaire et les institutions canadiennes doivent considérer la critique d’Israël comme de l’antisémitisme.

L’organisation Independent Jewish Voices (IJV) a fermement condamné la définition de l’IHRA en général, et le Manuel de Cotler en particulier, soulignant qu’il porte atteinte à la liberté d’expression et protège Israël de tout examen critique.

L’opposition de Cotler à la reconnaissance de la Palestine ne date pas d’hier. En 2012, il a conseillé au ministre des Affaires étrangères John Baird de rejeter la reconnaissance de la Palestine à l’ONU — une position qu’il maintient encore aujourd’hui.

Il faisait également partie d’un groupe de juristes qui ont tenté, sans succès, d’empêcher la Cour pénale internationaled’exercer sa compétence sur les crimes commis en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, au motif que la Palestine ne serait pas un État.

En janvier 2024, Cotler a critiqué la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël, affirmant qu’« Israël cherche constamment à minimiser les dommages causés aux civils » — et cela alors même que les preuves s’accumulent du ciblage délibéré de personnels de santé, de journalistes et d’enfants.

Face à l’évidence de l’apartheid israélien, Cotler soutient encore que « dire qu’Israël est un État d’apartheid n’est pas seulement faux et préjudiciable à Israël, mais cela mine la véritable lutte contre l’apartheid. »

Il suffit peut-être de savoir que Cotler est un proche ami d’Alan Dershowitz, qui l’a qualifié de « nouvel Abraham ». Dershowitz, lui, a publiquement justifié le meurtre d’enfants au nom de la défense d’Israël.

Pour Cotler — comme pour tant d’autres « sionistes humanitaires » — l’expression « Plus jamais ça » ne s’applique qu’au peuple juif. Pour les Palestiniens, toutes les atrocités semblent permises.