Les États-Unis préparent la construction d’une base militaire à la frontière de Gaza, selon le média israélien Shomrim. Le projet, estimé à plus de 500 millions de dollars, pourrait accueillir plusieurs milliers de soldats américains et marquerait l’étape la plus explicite vers une occupation étrangère du territoire palestinien, sous le prétexte de “superviser” le cessez-le-feu.

Le rapport indique que des responsables américains ont déjà tenu des réunions avec les autorités israéliennes et les Forces de défense d’Israël (FDI) pour déterminer l’emplacement exact de la base. Derrière le langage technocratique de la “mise en œuvre du plan de paix” se cache une nouvelle phase de militarisation et de contrôle sur Gaza, visant à consolider la fragmentation de l’enclave et à garantir les intérêts d’Israël et des États-Unis dans la région.

La trêve actuelle — qui a divisé Gaza en deux zones — a été présentée comme une étape vers la reconstruction, mais la présence militaire américaine introduit un élément décisif : le remplacement de la souveraineté palestinienne par une administration placée sous tutelle étrangère. La proposition, impulsée par Jared Kushner, prévoit même de reconstruire certaines zones pour attirer la population vers des espaces “libérés du Hamas” — un langage qui masque la création de zones sous contrôle occidental, éloignées de toute décision démocratique du peuple palestinien.

Si elle se concrétise, cette base marquerait un tournant majeur dans l’implication militaire directe des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien. Jusqu’à présent, Washington maintenait une présence limitée d’environ 200 soldats au Centre de coordination militaire central (CMCC) de Kiryat Gat, au sud-ouest de Tel-Aviv. La construction d’une base d’envergure à la frontière de Gaza représenterait un saut qualitatif dans la subordination de la politique israélienne aux intérêts de la Maison-Blanche et du complexe militaro-industriel américain.

Ce projet n’est pas sans lien avec les récentes controverses autour de la distribution “humanitaire” contrôlée par Washington, qui s’est soldée par des massacres de civils affamés. La soi-disant Fondation humanitaire de Gaza (GHF), seule autorisée à distribuer des vivres, s’est transformée en instrument de contrôle et d’humiliation du peuple palestinien. Désormais, le même CMCC pourrait assumer le contrôle total de l’aide humanitaire dans les phases suivantes du plan, remplaçant les organismes israéliens sans pour autant modifier la logique coloniale qui réduit la vie palestinienne à une question de gestion militaire.

Washington présente son intervention comme un plan de paix, comprenant la création d’une “Force internationale de stabilisation” (ISF) destinée à désarmer le Hamas et à former une nouvelle police palestinienne. Mais cette force ne répond ni à une autorité palestinienne ni à un mandat de l’ONU, elle découle d’une initiative unilatérale des États-Unis et de leurs alliés. Plusieurs pays arabes ont déjà refusé d’y participer, conscients que le projet vise à légitimer une occupation prolongée sous un autre nom.

L’impérialisme américain — qui a financé et armé l’occupation israélienne pendant des décennies — cherche désormais à consolider un protectorat néocolonial à Gaza, déguisé en mission humanitaire. La “reconstruction” proposée ne vise pas à rendre la souveraineté au peuple palestinien, mais à s’assurer qu’il ne puisse jamais l’exercer pleinement.