La suspension d’une élève du Royal West Academy, membre de l’English Montreal School Board (EMSB), pour avoir exprimé sur les réseaux sociaux des critiques envers Israël, a relancé le débat sur la liberté d’expression et la neutralité institutionnelle dans les écoles publiques de Montréal.

Au centre de la controverse se trouve Mike Cohen, porte-parole de l’EMSB et défenseur public actif d’Israël, qui attire l’attention des parents, élèves et organisations de défense des droits humains.

La suspension qui a déclenché la polémique

L’élève a publié sur son compte Instagram privé:

“Fuck Israel. Holy shit.”

Bien que le message ait été publié en dehors des heures scolaires, la direction du Royal West Academy a décidé d’imposer un jour de suspension interne.

Mike Cohen, porte-parole de l’EMSB, a déclaré que le directeur avait agi « conformément au règlement, car l’élève avait utilisé un juron ».

Des experts juridiques et défenseurs des droits civils ont averti que cette mesure pourrait violer la liberté d’expression politique, surtout lorsqu’il s’agit d’opinions sur la Palestine.

Communiqués partiels et plaintes des parents

Après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, l’EMSB a publié un communiqué le 12 octobre, exprimant sa solidarité avec Israël, sans mentionner les victimes palestiniennes des bombardements à Gaza.

Des parents d’élèves musulmans, palestiniens et arabes ont dénoncé ce message comme étant unilatéral. L’un d’eux a déclaré à Global News :

“Ce type de communication crée des divisions dans notre communauté. Comment puis-je envoyer mes enfants dans une institution qui ne reconnaît pas toutes les victimes en toute sécurité ?”

L’EMSB a publié un deuxième communiqué le 16 octobre 2023, exprimant enfin “une profonde tristesse pour la perte de vies innocentes tant en Israël qu’à Gaza”.

Pendant la controverse, Cohen a justifié la première version:

« Notre communication se concentrait strictement sur l’attaque terroriste du Hamas… nous ne voulions offenser personne. »

De plus, les parents ont dénoncé la suppression de commentaires critiques sur les réseaux sociaux. Cohen a précisé que seuls les commentaires jugés “diffamatoires” avaient été retirés.

Westmount High: une autre polémique

En décembre 2022, Westmount High School, une autre école de l’EMSB, a invité un intervenant lors d’une session sur l’Holocauste, qui a tenu des propos fortement pro-israéliens, rejetant les dénonciations d’abus envers les Palestiniens comme « des bêtises ».

L’organisation Canadians for Justice and Peace in the Middle East (CJPME) a envoyé une lettre officielle à l’EMSB, soulignant que Cohen avait minimisé l’épisode comme “l’opinion de l’intervenant”.
La lettre dénonçait le manque de contexte et d’équilibre, et exigeait que les droits et réalités des Palestiniens soient abordés lors de ces activités éducatives.

Un schéma de parti pris institutionnel?

Ces épisodes — la suspension à Royal West, les communiqués d’octobre 2023 et la polémique à Westmount — suggèrent un schéma préoccupant:

Soutien institutionnel aux narratives pro-israéliennes
Sanction indirecte possible des élèves pro-palestiniens

Bien que Cohen ne décide pas directement des sanctions, son rôle de porte-parole et de représentant médiatique de l’EMSB le rend visible et associé à ces décisions, générant une perception de biais parmi les parents et les élèves.

Liberté d’expression et espaces sécurisés

Des parents et élèves réclament une révision indépendante des politiques de communication et de discipline de l’EMSB, afin que toutes les voix — juives, palestiniennes ou autres — soient entendues sans crainte de représailles.

“Comment garantir un environnement scolaire pluriel et inclusif si les expressions pro-palestiniennes se sentent censurées ou découragées ?”

Conclusion

La suspension à Royal West Academy n’est pas un incident isolé. C’est un symptôme de la crise de neutralité et de confiance au sein de l’EMSB.

Alors que le conseil scolaire et son porte-parole défendent l’action comme réglementaire, élèves, familles et organisations de droits humains continuent de questionner l’impartialité des communiqués et l’équité de la discipline.

La question centrale reste:

Comment garantir une éducation publique inclusive lorsque la voix du porte-parole institutionnel est publiquement alignée sur une position politique internationale?

Références

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